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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Je suis mon premier spectateur

Serge Aimé Coulibaly

©Sophie Garcia

J’aime vraiment travailler avec des créateurs, des artistes, avec des gens qui m’apportent quelque chose. Être dans le dialogue. Ce qui nous lie c’est l’histoire qu’on veut raconter, cette chose qu’on partage, nos visions. Travailler avec moi demande un engagement total, il n’y a pas de demi-mesure, rien n’est fait à moitié. On s’engage avec son âme, son humanité, son entièreté, son corps, son esprit pour essayer, toujours, d’aller toucher l’autre, celui qui nous regarde, celui qui vient pour découvrir autre chose, le toucher à un endroit qu’il ne soupçonne pas forcément.

Je connais Magik Malik et sa musique depuis une dizaine d’années. Elle est très surprenante. Le rythme n’en est pas carré ; il faut en retrouver le tempo et cela correspond clairement à ce que je cherche : une danse surprenante. Ce qui m’intéresse c’est de travailler, de créer pour rapprocher les gens, les faire rêver, les faire sortir de ce quotidien qui n’est pas forcément toujours gai. Ce qui ne veut pas dire que ce que je fais est toujours gai, mais c’est souvent la confrontation qui fait naître chez l’autre quelque chose, une « espérance de vie« .

J’ai déjà travaillé avec beaucoup de musiciens sur le plateau, mais lui il a une force, un regard, une sensibilité incroyable qui fait que je n’ai même pas à lui dire comment doit être la musique pour qu’elle soit au mieux avec la danse. Je découvre chaque jour comment il accompagne les danseurs. Et quand je dis accompagner c’est à plusieurs niveaux. Amener de l’émotion et accentuer certains éléments ou être en complet décalage et développer un autre imaginaire.

Pour lui comme pour les danseurs, il y a dans le spectacle des espaces d’improvisation. Je résiste à la tentation de tout fixer, même si cela me prendrait peut-être une heure. Mais ce sont des humains sur le plateau et j’ai envie qu’ils me surprennent tous les jours. Du coup, je suis mon premier spectateur.

 

— Propos recueillis par Benoît Henken le 04 septembre 2020

© Gloria Scorier