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Théâtre National Wallonie-Bruxelles
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Quatorze choses importantes à emporter et faire

à Nauru

Située au Nord-Est de l’Australie, la petite île paradisiaque de Nauru, bordée de sable fin et de cocotiers, perdue dans le Pacifique Sud, fut l’un des pays les plus riches du monde grâce à ses gisements de phosphate. Avant qu’elle ne s’effondre économiquement. Mais l’histoire de Nauru ne s’arrête pas là. Dans Sabordage, elle est devenue le territoire de la prise de pouvoir par l’imaginaire pour le Collectif Mensuel pour mieux investir d’autres liens. Et parvenir à transformer notre conscience à l’échelle du monde. Car du rêve au cauchemar, l’histoire brinquebalante de Nauru rejoint celle d’une certaine planète bleue, en miniature.
© Dominique Houcmant Goldo

Qu’emporteriez-vous et que feriez-vous si vous deviez vivre un an sur Nauru ? Renaud Riga du Collectif Mensuel nous dit tout.

Mieux vaut éviter d’aller à Nauru parce que ce n’est pas l’endroit le plus agréable de la terre. L’île est dévastée. Si on y va, il faut tout emmener !

De la nourriture, des produits frais pour manger parce que les Nauruan·es sont totalement dépendant·es.

Un kit de survie composé au minimum d’un couteau et d’une cafetière.

Un maillot de bain parce que le climat y est paradisiaque.

Une crème solaire double protection, bien sûr.

Quelques éléments de décors de Sabordage, parce que nous sommes un collectif de théâtre. Et surtout parce qu’il n’y a pas beaucoup de divertissements, ni théâtre officiel qui y propose des spectacles. Pour faire du bien à celleux qui vivent sur l’île.

Un rétroprojecteur pour faire des séances de films. Pour projeter Molière de Ariane Mnouchkine qui est un grand film. Parce que nous sommes des théâtreux·ses qui avons tendance à utiliser la vidéo pour jouer des diverses échelles dans nos spectacles.

Un téléphone satellitaire pour appeler nos proches.

Une barque parce que Nauru est une petite île. Pour s’évader, il faut prendre le large.

Une tenue décontractée pour faire des randonnées.

Des livres en tout genre, dans toutes les langues parce qu’il y a beaucoup de nationalités. L’île s’est reconvertie dans la détention de migrant·es venant d’Iran, Irak, Pakistan, Somalie, Bangladesh, Koweït et Afghanistan.

Des instruments de musique parce qu’il y a de très bon·nes multi-instrumentistes et compositeur·ices de musique au sein du Collectif Mensuel. Pour faire du Rock‘n’roll avec une ligne de basse solide, guitare, percussions, style rock’n’roll du monde issu du métissage de plusieurs courants musicaux.

Un vélo parce que c’est l’activité sportive idéale. Parce qu’une voiture, ça ne sert à rien. Il n’y a pas de carburant sur l’île. Nauru est l’un des États les plus petits du monde, sa superficie est de 21,3 km2. Il est donc facile d’en faire le tour.

Une trousse de secours bien fournie parce qu’il faut être capable de s’en sortir seul·e. Nauru était l’un des pays les plus riches du monde, avec l’eau et l’électricité gratuites, ainsi que les soins de santé. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Il faut donc prendre des médicaments de première nécessité : des antibiotiques, des aspivenins et des médicaments anti gueule de bois parce qu’on boit beaucoup d’alcool pour oublier.

Des clopes pour cell·eux qui fument. Parce qu’on n’en produit pas.

Là, nous avons de quoi remplir une semi-remorque.
Mais comment repartir de Nauru !? C’est toute la question !

– Entretien réalisé par Sylvia Botella en novembre 2022.

© Dominique Houcmant Goldo
© Gloria Scorier