Naar hoofdinhoud
Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Sois fort et agis !

Agnés Mateus & Quim Tarrida

©Quim Tarrida

Agnés Mateus et Quim Tarrida: On a donné beaucoup de noms pour définir Rebota Rebota y en tu cara explota : nouvelles tendances, art vivant, théâtre alternatif… Ce qu’on fait vraiment c’est du théâtre, du théâtre contemporain, du théâtre comme on aimerait en voir : vital, plein d’énergie, qui laisse des traces. C’est comme aller à un concert. Même si tu vois un groupe pour la troisième fois, ça reste une expérience. La musique se vit et reste en toi longtemps après.

Le théâtre en général s’adresse à la tête. Nous, avec la musique, nous attaquons directement le ventre. On utilise des subwoofers (caissons de basse) – on n’aime pas tout expliquer mais ça on peut en parler. Les subwoofers génèrent des sons qui frappent directement au ventre. Et pour nous, le théâtre doit passer par là, par l’estomac, par les émotions. Nous voulons réveiller le public avec du bruit, de la musique, de la danse, des sons subliminaux, de l’action, du mouvement. La musique et l’humour sont des façons particulières de communiquer.

Parfois, même si nous sommes conscients que quelque chose ne va pas, nous n’agissons pas. Et malgré ce que l’on pourrait croire, les politiciens ne font rien pour lutter contre les violences conjugales. C’est pourquoi on est sur scène : pour changer le public, pour éveiller les consciences. On essaie qu’un changement s’opère chez le spectateur. Si rien n’a changé en lui après avoir vu le spectacle c’est qu’on n’a pas bien fait notre travail. C’est important pour nous de bouleverser le public. Lui dire que quelque chose ne fonctionne pas en chacun de nous, homme ou femme. Mais notre intention n’est pas de rester sur le simple constat que « le monde est affreux ». Au contraire, nous voulons que les spectateurs ressortent de la salle pleins de force, de force pour les femmes, de force pour les hommes. Parce que les hommes doivent faire un grand pas. Nous, les femmes, travaillons depuis longtemps à changer les mentalités, mais les hommes sont tout aussi concernés. On veut faire passer un message : « Sois fort et agis ! » Et ce n’est pas un message négatif mais très positif.

L’impact est difficile à évaluer même si nous avons des retours de spectatrices qui nous disent qu’après avoir vu le spectacle elles se sentent capables d’agir face à une situation de violence. Des femmes nous écrivent pour nous dire qu’elles sont plus vaillantes, plus braves pour répondre à ces hommes dans la rue, qu’elles se sentent plus fortes pour agir. Des hommes, bien que persuadés d’être très modernes et compréhensifs, se sentent interpellés, sont amenés à se remettre en question.

Nous croyons, en toute modestie, que ce spectacle est là pour faire agir. En utilisant l’humour, le cynisme, l’ironie, le rire, nous ouvrons l’esprit et le ventre du spectateur pour qu’il puisse non pas seulement comprendre mais aussi vivre le spectacle intensément.

 

— Propos recueillis par Benoît Henken le 9 novembre 2019

© Gloria Scorier