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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Un rythme et des mots organiques par rapport au jeu

Un Loup pour l'homme / Violette Pallaro / Interview III

Dans le spectacle, il est question d’authenticité. Qu’est-ce que cela signifie pour toi ? Et crois-tu que cela soit envisageable dans les rapports humains ?
Je travaille avec Anne Staquet ,une philosophe montoise qui accompagne le spectacle. En lui parlant de mes interrogations sur ma place dans le groupe, face à l’autre, face aux autres, elle relevait que selon elle c’était une fausse question car on n’occupe pas qu’une seule place, et donc nous créons plusieurs fictions de nous même. Selon elle, il faut accepter d’être multiple. C’est peut-être cela l’authenticité. Dans la vie, et souvent de façon inconsciente, nous agissons non pas en fonction de ce que nous ressentons, de ce que nous aimons réellement- donc de qui nous sommes- mais plutôt dans le besoin de correspondre à ce que nous avons envie de paraître, au personnage ( à la fiction) que nous nous sommes choisi. Il serait bon d’être en paix avec cette réalité et de pouvoir en jouer.


Parler d’identité humaine, c’est quand même très philosophique. Comment travailles-tu avec tes comédiens ? Est-ce qu’il s’agit d’une écriture de plateau ?
Le processus d’écriture d’Un Loup pour l’homme est légèrement différent que celui de Tabula Rasa pour lequel il s’agissait essentiellement d’une écriture de plateau, renforcée par des interviews. Pour cette nouvelle création, il y a plus d’écriture préalable mais toujours en confrontation avec le plateau, puisque le texte subit régulièrement des modifications en fonction des propositions des acteurs. Pour moi, il est essentiel que le rythme et les mots soient organiques par rapport au jeu. Il y a donc pendant les répétitions un aller-retour constant entre le travail d’écriture et le travail de plateau.


Les comédiens interagissent donc avec toi ?
Bien sûr. Le texte a de la valeur s’il reste vivant. Je souhaite dégager au maximum la sensation de ‘l’ici et maintenant’, proposer un texte qui soit très proche de l’acteur. Pour les imposteurs par exemple, la distribution ne s’est pas faite au hasard. Je pense que chaque acteur a une accointance particulière avec l’imposteur dont il porte la parole.Je cherche à ce qu’il ne soit pas dans l’interprétation de cet imposteur mais plutôt dans l’incarnation. En se disant : ‘il y a des éléments qui auraient pu entraîner le fait de me retrouver à cette place-là. C’est une question de mots choisis, mais aussi de rythme et de prosodie.

© Gloria Scorier