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Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Article

Entre force et beauté

Gwendoline Robin

« On ne rêve pas profondément avec des objets.
Pour rêver profondément, il faut rêver avec des matières. »
Gaston Bachelard, L’Eau et les rêves.

Gwendoline Robin, AGUA (extrait), 2022

Mars 2022, aux ateliers décors du Théâtre National Wallonie-Bruxelles, quelque chose se passe. D’une explosion de terre, de feu et de fumée, un cratère se forme. D’une ligne de verres et de bouilloires, une boue s’agite pour ensuite doucement se calmer. Un lien se crée entre le lieu, la lumière du soleil et la main qui vient troubler les éléments. La terre, l’eau et l’air. Le geste amène d’autres combinaisons. La matière se transforme ouvrant sur de nouveaux paysages, un nouvel imaginaire. En une succession de performances captées et photographiées – qui animent, transforment et révèlent les matières, la lumière et le corps –, Gwendoline Robin crée le fil rouge visuel de la saison.

À l’invitation du Théâtre National, elle va trois jours durant faire et refaire les mêmes gestes. Enchaîner réactions chimiques, explosions ; faire jaillir fumée et étincelles ; jouer de poudre et de glace carbonique, de son corps et de l’espace.

Par ses jeux sur les éléments, ses gestes performatifs, elle souligne sa présence et sa possibilité de lâcher prise. Elle met en évidence les limites, les siennes et les nôtres. Elle propose un temps, une expérience poétique, pour rêver un autre espace, un autre lieu, un ailleurs.

Cet équilibre entre force et beauté, ce déséquilibre provoqué chez la·e spectateur·ice, font de l’œuvre de Gwendoline Robin le compagnon idéal de cette saison 2022·2023.

Depuis plus de vingt ans, la plasticienne, performeuse belge Gwendoline Robin travaille des matières élémentaires (feu, sable, eau, terre, glace, verre…) pour en orchestrer les métamorphoses sous forme d’installations, de performances ou de vidéos.

Elle s’est forgée une place singulière dans le champ de l’art contemporain bruxellois, belge et international et présente ses performances lors de festivals internationaux en Europe, au Canada, Chili, Australie et Asie. Au fil de ses collaborations avec Ida De Vos pour le mouvement et Simon Siegmann pour la scénographie, le désir de tisser son vocabulaire performatif dans une structure plus ouverte à la pluridisciplinarité est davantage présent et l’incite à penser des espaces en tant que dispositifs actifs qui se partagent entre la performeuse et le public.

www.gwendolinerobin.be

© Gloria Scorier