Passer au contenu principal
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Article

Amplifier des voix absentes

IPPJ de Saint-Servais

© Théâtre National Wallonie-Bruxelles

La International Yehudi Menuhin Foundation (IYMF) est active depuis 1991. Son fondateur, Yehudi Menuhin, violoniste et humaniste, souhaitait donner, à travers l'art, une voix à cel·leux qui n'en ont pas. En 2022 est né « Inside », un projet qui établit des instants de co-création artistique entre un·e artiste et des personnes qui n'ont pas ou peu de moyens créatifs.

La IYMF s'est tournée vers le Théâtre National Wallonie-Bruxelles dans le but de construire ensemble une session d'ateliers à l’IPPJ de Saint-Servais, à Namur. La fondation a proposé Archil en tant qu’artiste musical. Le Théâtre National s’est tourné vers Caroline Berliner pour la conception sonore.

Cela a donné lieu à cinq jours d’ateliers avec cinq jeunes filles. Nous avons essayé, durant ces quelques jours, de mettre l’accent sur la confiance en soi en leur transmettant des outils de création qui libèrent la parole.

— International Yehudi Menuhin Foundation

Aller à la rencontre et amplifier des voix absentes de l’espace médiatique dominant est au centre de ma démarche de réalisatrice radiophonique. C’est donc le cœur battant et les mains un peu moites que j’ai franchi les portes de l’IPPJ de Saint Servais. Nous avons posé sur la table des enregistreurs, quelques stylo et feuilles de papiers, une soundbox à construire. Pendant cinq jours, nous avons joué de la musique, joué à écrire, joué à nous enregistrer ; avec une seule règle en tête : tenter de s’écouter pour de vrai.

En résulte une matière brute, sensible, troublante de vérité, comme le juste témoin de l’ambivalence des sentiments que traversent les jeunes filles. Merci à elles pour la joie et l’étonnement que leurs propositions font naitre en moi.

— Caroline Berliner

Le but de ma démarche est de rendre la production musicale et la lutherie expérimentale accessibles. J’aime questionner le cloisonnement entre les bruits et la musique. L’idée de cette partie de l’atelier était de leur faire découvrir des moyens d’expression qu’elles n’avaient jusqu’ici peu eu l’occasion de s’approprier. On a construit ensemble une « sound box » : un petit caisson en bois équipé d’un microphone contact, sur lequel on vient fixer différents objets trouvés ou amenés : tiges en métal, ressorts, roulettes, épingles à cheveux, spatules à café, etc. J’ai été impressionné par leur inventivité. J’ai également initié les filles à la MAO (musique assistée par ordinateur) ; outil que je leur ai mis en main sans trop intervenir afin de ne pas brider leur créativité.

Cette semaine d’atelier a été très enrichissante, pour nous autant que pour elles.
Certaines se retrouvaient dans l’enregistrement d’interviews ou l’écriture,
d’autres dans l’aspect technique de la prise de son,
d’autres encore dans la fabrication d’instruments.
Chacune a pu découvrir les aspects de cet univers qui lui correspondait.
La plus belle surprise a sans doute été en fin d’atelier, lorsque l’une des filles m’a demandé de lui donner les composants nécessaires pour pouvoir se fabriquer une sound box toute seule à sa sortie de l’IPPJ.

— Archil

© Gloria Scorier