Faire le théâtre
Fabrice Murgia
Direction 2016-2021
Fabrice Murgia a été « découvert » comme artiste par Jean-Louis Colinet. Son mandat s’inscrit dans la continuité de celui de son prédécesseur mais il se positionne aussi comme artiste désireux de mettre au mieux les moyens humains et techniques du Théâtre National en valeur à travers la création.
Dans ses choix de programmation, Il affirme un ancrage dans le réel contemporain, et un grand intérêt pour les langages scéniques actuels. Il choisit des artistes qui créent le plus souvent à partir du plateau pour parler du monde d’aujourd’hui. Le théâtre qu’il défend est un théâtre engagé mais aussi populaire et citoyen, un théâtre pour toutes et tous. Dans son propre travail artistique, il se passionne pour les innovations technologiques et les possibilités offertes par le numérique : caméras, ordinateurs, micros, jeux vidéo, réseaux sociaux, etc. L’image et le son prennent une place importante et constituent des grammaires scéniques nouvelles qui parlent souvent d’ultra-moderne solitude et de perte de sens ( Le Chagrin des Ogres, Sylvia, La mémoire des arbres, Black Clouds…). Les artistes qu’il programme sont aussi des créateur·ices passionné·es qui repoussent les limites de l’expérimentation : Anne-Cécile Van Dalem (Tristesses, Arctique, Kingdom) crée des univers scéniques complexes où la vidéo prend le relais du jeu d’acteur et nous fait perdre nos repères ; Jan-Christoph Gockel, jeune metteur en scène allemand fait construire une immense marionnette de 8 mètres de haut, remplie d’objets ayant appartenu à des morts, pour représenter la créature de Victor Frankenstein ; Christiane Jatahy ouvre la scène et utilise la vidéo pour évoquer d’autres lointains en mélangeant théâtre et cinéma ; Vincent Hennebicq expérimente les rapports étroits entre la musique et le travail d’acteur au plateau, soutenu par un travail vidéo pointu ; Jaco Van Dormael et Michèle Ann Demey tentent de s’envoler à l’aide de fils invisibles dans Amor. Ces spectacles expérimentaux voisinent avec des créations engagées où l’importance du propos politique est mise en évidence : Extreme Malecane de Paola Pisciottano ; La Route du levant de Jean-Michel Van den Eeyden ; Paying for it du collectif La Brute ; J’abandonne une partie de moi que j’adapte de Justine Lequette ; Nachtasiel de Raven Ruël… Pour mettre tous ces projets en œuvre Fabrice Murgia imagine un « studio du Théâtre National », un laboratoire dédié à la création où peuvent se développer des langages singuliers, des trajectoires exigeantes.
Comme ses prédécesseurs, Fabrice Murgia montre aussi un intérêt pour la danse contemporaine et programme Ayelen Parolin, Serge-Aimé Coulibaly, Karine Ponties, Alain Platel, Mathilde Monnier ou Alan Pauls.
Il envisage aussi le théâtre comme un espace de partages entre artistes et publics où la vie doit trouver sa place au-delà des seules représentations. Son mandat de directeur artistique correspond avec le moment où le Théâtre National devient un « Centre Scénique », qui ne doit plus être dédié à la seule création théâtrale. Il va donc multiplier les temps forts, festivals, expositions, débats sociétaux, moments festifs qui intègrent tous les publics dans un soucis constant que tous·tes se sentent « chez soi » au Théâtre National.
La programmation de Fabrice Murgia a été mise à mal par l’irruption de la pandémie de Covid 19 en 2019 et beaucoup de spectacles ont du être reportés jusqu’en 2021.