Maison Gertrude
Un centre d'art en maison de repos
Et si l’on considérait les maisons de repos pour ce qu’elles sont : des endroits où l’on continue à vivre, des lieux de ressource et d’expérimentation vitale, tant pour les habitant·es que pour le personnel encadrant, les artistes, voire même le grand public.
C’est dans cet esprit que le Théâtre National Wallonie-Bruxelles, accompagné de l’artiste Mohamed El Khatib*, a la volonté de créer un centre d’art au sein de la Résidence Sainte-Gertrude, maison de repos de la Ville de Bruxelles.
En 2021, Mohamed El Khatib* entame des recherches autour de l’amour passé 65 ans pour sa prochaine création La Vie secrète des vieux dont le Théâtre National est coproducteur. Il s’agit de recueillir la parole de personnes âgées de tous horizons sociaux afin de tisser un récit diversifié et qui témoigne d’une pluralité d’expériences amoureuses et d’une revisite de la sexualité. C’est dans le cadre de ces recherches qu’il fait une série de rencontres avec des habitant·es de l’EHPAD les Blés d’Or à Chambéry. Une discussion avec la directrice l’a conduit à interroger la façon d’instaurer un lien durable entre l’art et la vie quotidienne des personnes âgées au sein de l’établissement qui les accueille. C’est là que germe l’idée de créer des centres d’art permanents dans les maisons de repos.
Les maisons de repos ont la réputation d’être des mouroirs, les lieux de « la dernière heure », où il est essentiellement question de finir sa vie plutôt que de continuer à la vivre intensément. D’un autre côté, les centres d’art sont perçus comme des lieux austères et inanimés au regard des œuvres qui s’y trouvent exposées.
Il ne s’agit pas d’implanter l’art dans une maison de repos, mais davantage de le faire apparaître car il s’y trouve déjà. L’enjeu est esthétique, social et politique. L’art ne doit pas se limiter à une sortie culturelle mais devenir quotidien. Il faut aussi remettre les maisons de retraite, qui sont négligées, dans le circuit de la vie normale. Mohamed El Khatib partage la conviction de Christian Boltanski qui disait, qu’après 60 ans, chacun·e mériterait d’avoir son musée, et qu’il faudrait ainsi créer des milliers de micro-musées, qui constitueraient toute la mémoire du monde. Ce projet inclut la vie des habitant·es sous différentes formes : texte, vidéo, photographie, dessin, collage, performance…
L’enjeu est de voir émerger des formes de vie et d’expérimentation artistique venant des habitant·es, et de les valoriser comme autant de façons d’être encore une fois au monde. Créer un musée hors des murs institués est sans doute le meilleur moyen de générer des rencontres inattendues entre des individus et des oeuvres d’art. D’inventer des formes d’exposition, de partage et de frottement inédits entre des personnes qui ne sont pas censées se rencontrer. Le travail artistique avec les habitant·es porte sur la réappropriation de leur histoire à travers leurs objets personnels. Les artistes inscrivent ces trajectoires de vie singulières dans une histoire collective pour éprouver ensemble différentes façons de se sentir vivant·e.
* Mohamed El Khatib est artiste associé au Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Maison Gertrude
Un projet de Mohamed El Khatib avec les habitant·es et le personnel encadrant de la Résidence Sainte-Gertrude, et le CPAS de Bruxelles.
Avec le soutien de la Ville de Bruxelles, du CPAS de la Ville de Bruxelles et de la Commission communautaire française.
En collaboration avec la Centrale for Contemporary Art, le Design Museum Bruxelles, le Musée Art & Marges et le BPS22.
Ce projet a été rendu possible grâce au soutien du Prix européen Art Explora - Académie des beaux-arts.
Avec le soutien de l’Ambassade de France en Belgique et de l’Institut Français, dans le cadre d’EXTRA, programme de soutien à la création contemporaine française, de la Loterie Nationale, et de Cyclup
Pour une première immertion dans le projet, un apperçu de ce qui se déploie entre les murs de Maison Gertrude :
→ le Magazine National