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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Un petit jardin dont surgit la vie

The other side of the garden / Ossama Halal / Interview, Partie II

© Hubert Amiel

L’Histoire d’une mère d’Andersen est le point de départ de votre spectacle. Pourquoi ce conte ? Quelle est la matière qui vous séduit ?
C’est le troisième spectacle qui témoigne de ce que nous vivons en Syrie depuis le déclenchement de la guerre. Il y a eu Cellophanes, puis Above Zero et à présent The Other side of the garden. Revenons au texte d’Andersen : une mère parcourt un chemin complexe pour tenter de récupérer son enfant mort. Tout au long de ce trajet, elle n’a d’autres choix que de se plier aux sacrifices imposés par la mort (elle renonce à sa voix, ses cheveux, ses yeux…), elle fait face à des négociations, à des chantages… Cette transformation subie par la mère rappelle la transformation que nous subissons, nous peuple syrien, tant au niveau des individus que de la société dans son ensemble. C’est comme si on essayait de nous prendre tout ce que nous avons pour pouvoir simplement vivre en paix.

A travers le supplice de cette mère, c’est à notre propre mort que nous assistons.  
Aujourd’hui, nous sommes continuellement dans le sacrifice dans le seul but de rester en vie. J’ai donc utilisé la voix de la mère pour parler de nous.

Vous expliquiez que vous aviez très vite des images claires de votre spectacle. Votre travail est intuitif ? Vous avez une proposition claire que vous déposez auprès de l’équipe ? Comment se passe le travail de création chez Koon ?
Je travaille exactement comme un auteur écrit un texte de théâtre, mais j’ai une écriture très visuelle. Je la livre aux performers pour qu’on puisse la tester ensemble. Ça nous laisse un espace pour explorer les idées et les images. Ensuite vient se poser le point de vue des comédiens et du reste de l’équipe. C’est là que se révèle l’importance de notre travail en continu. Au sein de Koon, nous bénéficions d’une variété, d’une diversité d’expériences importante. L’accumulation de toute cette expérience dégage un langage collectif propre à la compagnie.  

Mais l’impulsion vient de vous ?
Aujourd’hui oui, car The Other Side of the garden est mon projet à la base. Mais si demain, un autre membre de Koon propose un sujet de spectacle, il sera l’impulsion de la création. C’est un vrai collectif.

Quel est l’apport de la musique ? Quelle est son importance ?
Les musiciens répètent avec nous dès le début. La musique n’est pas un élément complémentaire. Elle s’inscrit dès les prémices du travail. Les questions dramaturgiques sur lesquelles on travaille avec les comédiens sont les mêmes pour les musiciens.

Que représente la structure en bois sur laquelle évoluent les interprètes ?
Je suis parti d’un rituel. Elle peut avoir plusieurs sens : l’autel sur lequel on présente le sacrifice, la tombe, un petit jardin dont surgit la vie... et puis ce que le spectateur aura envie d’y voir. Je ne veux pas influencer la lecture du spectacle…


Propos recueillis par Sophie Dupavé
Le 14 septembre 2018

 

The other side of the garden / Ossama Halal / Interview
Le théâtre, ce n’est pas une décision que l’on prend. C’est organique.
Partie I

© Gloria Scorier