Passer au contenu principal
Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Jaco Van Dormael

Portrait

Jimmy Kets

On connaît Jaco Van Dormael pour ses films primés et reconnus dans toute la francophonie : Toto ce héros, Le huitième jour, Mr. Nobody et Le Nouveau Testament.

Ce qu’on sait moins c’est que dès sa formation à l’INSAS (Bruxelles) et à l’école Louis-Lumière (Paris), il partageait déjà son activité entre les courts-métrages, que pour leur brièveté il compare à des nouvelles, ou à des chansons, et le théâtre pour les enfants, son public, dont il apprécie l’impolitesse et l’impertinence.

A cette époque-là, il aurait encore pu aussi bien devenir photographe ou clown.

Revenu récemment à la scène et au spectacle vivant pour le plaisir d’expérimenter le partage d’un travail artistique commun avec sa compagne de longue date, Michèle Anne De Mey, danseuse et chorégraphe, il s’est aussi adjoint plus récemment la complicité de l’écrivain, conteur et humoriste Thomas Gunzig.

Conscient des différences existant entre le cinéma, une expérience solitaire où l’on réalise après coup un scénario entièrement pré-écrit, et le théâtre, où les répétitions sur fond de recherche et d’improvisations s’apparentent à des expériences d’écriture collective et où l’on écrit avec et dans la matière, il sait aussi que d’un art à l’autre le spectateur retrouvera en lui des constantes.

Jaco Van Dormael aime laisser venir à lui le réel et cite volontiers le photographe finlandais Pentti Sammallahti : « vous ne prenez pas une photo, la photo se donne à vous ».

Il aime aussi cultiver le doute, et que le film ou les pièces de théâtre posent des questions sans donner de réponse. Il considère que les actes de résistance poétique sont aujourd’hui plus que jamais nécessaires et succombe à la tentation de l’onirique et volontiers au charme de l’émerveillement – le merveilleux quotidien disaient les surréalistes.

Etudiant en cinéma, il admirait autant les frères Lumière pour leur réalisme presque naturaliste, que Méliès pour son attirance vers le fantastique. C’est peut-être pour cela qu’il a souhaité faire théâtre de l’étrange et inquiétante expérience du coma vécue par Michèle Anne De Mey lors d’une tournée au Canada.

Tel Dostoïevski qui aura expérimenté à la fois la convulsion épileptique et la grâce du tsar à l’instant qui précède l’exécution, Jaco Van Dormael et Michèle Anne De Mey souhaitent aujourd’hui explorer cet entre-deux de la vie et de la mort, du rêve et de la conscience, de l’éveil et du sommeil, une frange de vie très ambiguë qui jette le trouble et interroge sans la perception subjective que nous avons du réel.

 

Yannic Mancel
Photo © Gaspard Pauwels

© Gloria Scorier