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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

S’emparer de la question de la pauvreté

Les Bas-fonds / Nachtasiel / une introduction

En 1902, Maxime Gorki écrit sa première pièce : Les Bas-Fonds. Considéré comme un des fondateurs du réalisme socialiste en littérature, il prend souvent pour sujet la pauvreté, les déclassés, les personnages vivant en marge de la société russe de son temps. Dans les Bas-Fonds, une série de personnages se retrouvent dans un asile de nuit de campagne. Réunis par la précarité, ils tissent des liens et tentent de retrouver une dignité humaine, l’espace d’une nuit.

Première pièce qui prend pour sujet central pauvres et exclus, elle demandait un traitement réaliste. C'est Constantin Stanislavski qui la crée en 1902, après s’être immergé pendant des semaines dans les quartiers pauvres de Moscou. Il expérimente pour cette création une mise en scène hyper réaliste destinée à confronter les spectateurs à un théâtre du réel.

Raven Ruëll, metteur en scène flamand, expérimente la même démarche plus de 100 ans plus tard. Travaillant comme enseignant dans deux grandes écoles de théâtre (l’une flamande, le RITS à Bruxelles ; l’autre, francophone, l’ESACT à Liège), il a à cœur de proposer des distributions bilingues. Toujours préoccupé par la confrontation au réel, il cherche un théâtre qui nous parle du monde qui nous entoure.

À travers ce spectacle, il s’empare de la question de la pauvreté : Comment elle augmente et englobe chaque jour de nouvelles franges de la population ; Comment les pauvres sont aujourd’hui stigmatisés par la presse et les politiques, et jugés responsables de leurs difficultés ; Comment les idées reçues sur « ceux que l’on ne veut pas voir » contribuent à les ostraciser.

À l'image de Stanislavski, le dramaturge Tom Dupont et les acteurs de Nachtasiel ont effectué un vrai travail de rencontre avec ceux qui sont dans la rue ou dans les abris de nuits. Ils se font le relais sur le plateau de leurs histoires, endossant leurs attitudes, leur façon de parler, leurs gestes…

Le spectacle peut être vécu comme une claque, mais salutaire. Nachtasiel, au-delà des rejets faciles, nous renvoie à notre humanité.

 

© Gloria Scorier