Naar hoofdinhoud
Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Le théâtre, ce n’est pas une décision que l’on prend. C’est organique.

The other side of the garden / Ossama Halal / Interview, Partie I

© Hubert Amiel

Dans vos interviews, vous insistez sur le fait que vous êtes des témoins, pas des victimes. Pourquoi ?
J’ai conscience du stéréotype qu’on projette sur nous en tant qu’artistes, en tant que personnes venant du Moyen Orient. Il y a comme un phénomène de mode : celle de travailler avec des artistes provenant de pays en guerre.
Je fais du théâtre depuis 2001-2002. J’ai voyagé, participé à des festivals et présenté mes spectacles un peu partout dans le monde. Ma recherche, mes questions autour du théâtre étaient les mêmes à mes débuts. Ce qui a changé aujourd’hui, c’est que je me retrouve au cœur du problème et de la douleur. Et je redoute ce point de vue d’autrui, car je ne me vois pas en tant que victime mais bien en tant que témoin…faisant des sacrifices peut-être pour survivre, pour exister. Je ne cherche pas du tout la compassion, je cherche plutôt l’action, la réaction que je peux provoquer chez l’autre.

En 2001-2002, que retrouvait-on comme thèmes dans vos spectacles, vous qui étiez déjà très engagé ?
Le premier spectacle (Sur ton chemin) avait pour sujet un auto portrait de la jeunesse syrienne. Qui sont-ils, qu’est-ce qui les interpelle, les mobilise ? Ce spectacle soulevait une question : pourquoi les jeunes de notre génération choisissent-ils de partir, de voyager ?
A travers ce questionnement surgissaient les thèmes de la répression, du besoin de démocratie, le fait qu’on ne puisse pas avoir notre empreinte, laisser de traces dans notre pays.
Les deuxième et troisième spectacles de Koon étaient habités par des questions personnelles. A travers ces questions, nous avons analysé les conditions de vie dans lesquelles nous nous trouvions.
La troisième phase de mon travail a été de comparer les héros classique, mythique et contemporain. J’ai par exemple revisité « Don Quichotte » en m’interrogeant sur qui était réellement le héros de cette histoire, Sancho ou Don quichotte lui-même ? Dans le voyage d’Aladin, est-ce Aladin le héros ou son compagnon d’aventures ? C’est comme si dans nos sociétés, on recherchait un vrai héros, et non le héros conventionnel, celui dont la photo officielle est affichée partout.
Enfin la quatrième phase est occupée par la révolution, qui a vraiment mis en question tous mes outils artistiques. 

L’acte théâtral, c’est vital pour vous ?
Le théâtre, ce n’est pas une décision que l’on prend. C’est organique.

 

Propos recueillis par Sophie Dupavé
Le 14 septembre 2018

 

The other side of the garden / Ossama Halal / Interview, Partie II
Un petit jardin dont surgit la vie

© Gloria Scorier