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Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Edito

31 Mots

à Défendre

Le théâtre, les arts de la parole et la poésie contre « les horizons coupés », « la culture du vivant » comme antidote aux effets toxiques de la culture patriarcale, les vertus des expériences qui engagent les corps et changent nos manières de faire et d’être plutôt que le néocapitalisme…

… Et si les mots pouvaient imaginer un projet de société global qui organise de nouvelles relations entre les humains et les non-humains, conjugue la justice climatique et sociale ? Et interroge les ressorts des clivages identitaires et les violences systémiques en défendant d’autres voix combatives et d’autres pratiques d’émancipation ? Si les mots pouvaient ça. Agir !

C’est là que nous nous rencontrons tout simplement. Pourquoi nous battons-nous ? Pour qui nous battons-nous ? C’est avec ces questions aussi politiques que poétiques qui concernent toute personne, peu importe son âge, son genre, sa classe ou son origine, que nous partageons avec vous la première édition des MàD.

MàD, comme les Mots à Défendre, tendance « mad », fou, outsider, hybride, audacieux et festif. MàD comme le festival transdisciplinaire qui vous parle ! C’est aussi pour nous une manière d’affirmer fortement avec les autrices associées au festival et au Théâtre National Wallonie-Bruxelles Caroline Lamarche et Joëlle Sambi que les liens libèrent dans les solidarités, les conversations et la réciprocité.

Les artistes invité·es, auteur·ices, metteur·ses en scène, performeur·euses, acteur·ices, musicien·nes, chanteur·euses... de Belgique, d’Europe, du Moyen-Orient et d’Afrique, ou de la Francophonie dans le monde ont ce pouvoir-là, ordinaire et vertigineux : le pouvoir des mots. Comment être vivant·es ? Comment dépasser les conflits, fluidifier les relations et les rendre fécondes ? Comment bâtir un théâtre qui crée des basculements, des inflexions de vies ?

Dans « les alliages incandescents », les artistes cherchent, questionnent et transforment ici avec un imaginaire positif. Leurs mises en récits affectent durablement nos manières de ressentir, d’éprouver les espaces, d’être et se comporter. I·Els inventent dans le temps présent avec beaucoup de bon sens et d’écoresponsabilité, un futur solaire, à égalité(s).

Pour l’heure, célébrons ensemble les invisibles avec David Van Reybrouck, la radicalité avec Jean Bofane ou Do Nsoseme et Micromega Le Verbivore. Et la nécessité d’une nouvelle écologie des relations déployée par Gaëtan Lejeune et Serge Demoulin pour s’orienter dans les débris du monde. C’est à ce geste que se livrent aussi Joris Lacoste & Ictus, en faisant résonner les voix en musique. Réjouissons-nous de découvrir Rébecca Chaillon, Laurène Marx ou Hashem Hashem qui, à travers l’introspection existentielle, troublent les normes de genre. Retrouvons avec joie le line-up néoféministe de Jeanne Balibar et la parole de Anne Alvaro ; deux actrices françaises iconiques qui ont en commun le goût de l’indépendance. Levons le gant avec Joëlle Sambi, Raïssa Yowali & les Kokos - grand-mères congolaises -, questionnons la mécanique de la violence y compris celle qui est en soi avec Alain Platel et Mirjam Devriendt. Et marchons dans les pas de Dominique Roodthooft ou ceux de Consolate qui nous aident à comprendre les exils de notre temps, en écho au programme Paroles menacées : chercheurs et chercheuses en danger de l’Université libre de Bruxelles et au Festival Passa Porta, partenaires des MàD.

Nous habitons ici dans les mots.

Pierre Thys et l’équipe du Théâtre National Wallonie-Bruxelles

© Théâtre National Wallonie-Bruxelles
© Gloria Scorier