Une nouvelle saison
Au-delà des plateaux
Nous voilà de retour pour une nouvelle saison, la 80e du Théâtre National, le cœur et la tête pleins des histoires qui nous ont rassemblé·es la saison dernière, celle qui a vu des liens nouveaux se former, des pas de côté s’oser, des récits prendre place sur d’autres scènes.
Puisqu’aller vers, et embrasser au maximum la diversité de nos publics a toujours été au cœur des missions du Théâtre National, nous vous avons invité·es, publics scolaires ou associatifs, à emplir de vie nos coulisses et nos salles.
Mu·es par la nécessité de sortir de nos murs, nous sommes allé·es toute la saison dernière à la rencontre de celles et ceux qui ne les franchiraient peut-être pas spontanément. Et c’est dans l’ombre, loin des projecteurs, que nos artistes les ont accompagné·es pas à pas vers la scène, scène qu’i·els ont pleinement investi·es lors de notre Festival À la scène comme à la ville.
De leur passage, nous retenons ces pas de danse à l’unisson des femmes de la Maison de quartier des Cités-Jardins et de la COBEFF. Nous nous souvenons du geste irrévérencieux des élèves de l’école Plurielle Maritime qui, accompagné·es par le collectif des Youngsters, ont porté haut et fort leur voix contre les violences faites aux femmes. Nous nous rappelons des premiers petits pas sur scène de la Compagnie des enfants. Tant d’expériences de la première ou deuxième fois sur un grand plateau qui s’est déjà promis cette saison d’accueillir encore plus de diversité.
Pour sortir de nos habituelles pratiques, et franchir de nouvelles portes trop souvent closes, nous avons poussé, sous l’influx de la compagnie Zirlib de Mohamed El-Katib, celles de la Résidence Sainte-Gertrude. Après de nombreux mois de rencontres artistiques entre nos artistes, les habitant·es, le personnel soignant ainsi que nos équipes, le Centre d’art Maison Gertrude a vu le jour dans une maison de repos sous des regards joyeux, de tous âge, qui semblent s’être fait la promesse de faire perdurer cette inédite aventure.
Et c’est sous une pluie fine de mai que l’Inauguration du Centre d’Art a eu lieu, accompagnée par la Radio Gertrude qui proposait de faire entendre aux publics le fruit des nombreuses rencontres artistiques intergénérationnelles qui ont rassemblé tant les habitant·es de cette maison que des groupes scolaires.
Alors que certain·es se prêtaient à la scène, d'autres ont sauté sur l’occasion pour faire du Théâtre leur Maison, à l’image des étudiant·es du Master en communication culturelle et sociale de l’IHECS, qui ont arpenté pendant trois mois le Centre d’Art Maison Gertrude tout comme nos salles. Poussé·es par la curiosité de sonder les ponts qui se créent entre des lieux qui ne devraient pas se côtoyer et qui sont devenus peu à peu poreux l’un à l’autre, i·els ont écrit, filmé, dessiné, photographié, documenté la rencontre de ces deux univers.
Pour continuer à écrire cette histoire ensemble, et découvrir ces œuvres originales, des visites guidées du Centre d’Art prendront place deux mercredis par mois.
Une saison donc où nous sommes sorti·es de nos murs, mais avons également créé en leur sein de nouveaux lieux d’échanges, telles que les rencontres La Chèvre et le Chou, qui nous rassembleront encore cette saison plusieurs vendredis midi.
...nous avons décalé un peu plus notre regard sur une œuvre en ouvrant toujours plus le champ de la pensée.
Hybrides et tâtonnantes puisqu’elles mêlent tant les langages et imaginaires des artistes que des chercheur·ses autour d’un spectacle, nous avons décalé un peu plus notre regard sur une œuvre en ouvrant toujours plus le champ de la pensée.
C’est poussé par un désir toujours croissant d’être encore plus proches dans les relations que nous tissons avec nos publics que nous entamons ce mois de septembre par un tout nouveau projet : L’AdN. L’Assemblée du National réunira un groupe de spectateur·ices qui, tout au long de l’année, assistera aux spectacles ou aux répétitions pour ensuite partager des points de vue et idées. Un projet citoyen, collaboratif et solidaire pour donner la parole au public.
Nous profitons donc de ce quatre-vingtième anniversaire de Notre Théâtre pour revisiter notre histoire et en nourrir le présent. Cette histoire continuera de s’écrire aujourd’hui.
Nous voilà reparti·es avec vous, nos chers publics, pour poursuivre cette irrésistible révolution de nos pratiques, de nos regards, de nos envies, de nos pensées, que nous mènerons une saison de plus ensemble.