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Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Journal de bord

Retrouver le chemin de l’école

est précieux

C’est avec joie que nous reprenons, en ce début de saison, le chemin des écoles. Partir à la rencontre des élèves qui vont faire l’expérience d’un spectacle de la Maison a toujours une saveur particulière.

Aujourd’hui, c’est au Centre scolaire Notre Dame des Champs que nous nous rendons, avec quelques outils dans notre sac, pour rencontrer une classe de cinquième secondaire. L’accueil chaleureux nous rappelle combien ces liens noués avec des professeur·es motivé·es, qui ont fait le pas d'amener leurs élèves jusqu’aux portes du théâtre, sont précieux pour notre travail.

Nous sommes accueilli·es par un petit groupe d’élèves très enthousiastes réuni dans la salle de spectacle de l’école. I·Els viendront découvrir Catarina et la beauté de tuer des fascistes, spectacle phare de Tiago Rodrigues. Pour le metteur en scène et directeur du festival d’Avignon, le théâtre est une assemblée d’acteur·ices et de spectateur·ices qui se rend dans le lieu du théâtre pour considérer les grandes questions sociétales, philosophiques et sociales de notre temps.

Joseph Banderet

Et ces grandes questions, nous nous les posons déjà entre 9h et 10h du matin, lors de cette « préparation au spectacle ».

« Préparer au spectacle » c’est essayer de donner les outils nécessaires pour appréhender au mieux les conditions de la représentation, le travail du metteur ou de la metteuse en scène, ou d’une compagnie. C’est préparer à l’objet scénique que les élèves vont découvrir, réfléchir au sens de la pièce et au contexte dans lequel elle s’inscrit, et c’est aussi parfois jouer, danser, écrire !

C’est faire un petit pas vers l’univers et les pratiques qu’i·els viendront découvrir au théâtre.

Quand nous proposons aux classes de jouer, c’est parfois avec timidité mais généralement avec enthousiasme que cette proposition est reçue. Jouer, incarner les mots de la pièce, se faire « autre » devant leurs camarades semble être un grand plaisir pour certain·es.

Le jeu crée matière à discussions. Des échanges de points de vue, d’idées, mais aussi de nombreuses questions émergent au sein du groupe :

  • « Le spectacle dure vraiment 2h30 et est en portugais ? Vous y serez-vous au moins ? »
  • « Madame, pourquoi les gens confondent la réalité et la fiction ? I·Els ne savent pas qu’on est au théâtre ? »
  • « Au théâtre, on ne pense pas qu’avec sa tête, mais avec tout son corps. »
  • « Le texte de la pièce me fait penser aux discours de mon oncle à Noël. »
  • « C’est à nous les jeunes de nous mobiliser pour résister aux extrêmes. »
  • « Je veux vaincre des idées pas des hommes. »
  • « Pour moi, la culture a vraiment un rôle à jouer dans le monde qu’on vit. Si tu n’as pas de culture, tu te fais embrigader facilement. »
Droits réservés

Cinquante minutes passent vite, trop vite ! Nous avons déjà hâte de retrouver tous·tes ces élèves dans nos salles, de les recroiser après la représentation pour savoir ce qu’i·els ont pensé, vécu, apprécié ou non, et ce qu’i·els auraient envie de voir comme spectacle une prochaine fois.

Sortir de nos murs pour pénétrer ceux des écoles nous semble au cœur de nos missions dans les relations que nous tissons avec nos publics.

Tentant de favoriser ces connexions particulières entre des œuvres et les jeunes issu·es d’écoles variées, nous continuerons, au fil de cette saison, de créer ces ponts. Car l'enseignement et l’art font bien la paire pour penser le monde d’aujourd’hui et sa complexité.

Et les jeunes d’aujourd’hui semblent plus que jamais avoir des choses à dire.

Yvan Guerdon · Théâtre National Wallonie-Bruxelles