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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Justine Lequette

Forme et fond d’un même mouvement.

Elle est très vite repérée dans des spectacles semi-professionnels qui ont marqué l’histoire de la compagnie : Dom Juan (Avignon 2007) ou Vivre sans but transcendant est devenu possible (2008-2015), des spectacles exigeants et novateurs, mais toujours mus par le souci de se mettre à la portée du public.

Titulaire d'un master de droit de l’Université Droit et Santé de Lille, elle s'oriente ensuite vers une formation de comédienne au Conservatoire Royal de Liège, particulièrement marquée par les esthétiques complémentaires de Françoise Bloch, Jos Verbist et Raven Ruëll qui tous trois lui ont enseigné comment l’acteur pouvait être porteur de sa propre parole et lui-même créateur de son propre texte.

Tout en s’initiant aux techniques de jeu et à la construction du personnage, elle découvre ce qu’est la présence de l’acteur, son être-là.

Dans ce conservatoire de longue tradition politique (Parfondry, Delcuvellerie, Wanson, …) elle apprend aussi à réfléchir sur ce qu’elle a envie de dire et comment le dire : le théâtre pour dire quoi ? le théâtre pour quoi faire ? en tant que jeune femme et par ce vecteur là…

Elle prend conscience que le théâtre, comme tout art, doit sans cesse être réinterrogé, forme et fond compris, ensemble, d’un même mouvement.

Bien que fascinée par le film d’enquête sociologique et documentaire, - son projet s’appuie sur Chronique d’un été, le film tourné en 1960 par Jean Rouch et Edgar Morin -, elle se défend de pratiquer un théâtre réaliste ou naturaliste, et se rapprocherait plutôt de la notion de fiction documentaire ou documentée.

L’imitation, nous dit-elle, nous sert à entrer dans la pensée de quelqu’un d’autre, c’est un moyen d’accès, pas une fin en soi.

Elle a choisi le principe d’un dispositif scénique simple et mouvant : trois ou quatre éléments chariotés sur roulettes suffiront à suggérer tous les espaces. Refusant l’hypothèse d’un quatrième mur, elle souhaite qu’acteurs et spectateurs ensemble aient conscience d’être au théâtre : les menus écarts, l’humour, une distanciation ludique sont là pour le leur rappeler.

Mais ce qu’elle revendique par-dessus tout, et pour cela elle a été formée à bonne école, c’est la choralité, l’engagement collectif, l’investissement de la troupe. Plus encore qu’à l’écriture de plateau, même si c’est bien ainsi qu’elle procède, elle croit plus que tout en la capacité inventive de l’acteur créateur, surtout s’il est porté par la solidarité de tout un groupe.

 

Yannic Mancel

© Gloria Scorier