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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Scénographie et image

dans le spectacle Arctique

© Christophe Engels

« La  vidéo occupe une double fonction dans la mise en scène. Tout d’abord, elle s’apparente à l’utilisation que j’en fais dans ma dernière création Tristesses : la caméra me permet d’élargir l’espace scénographique au delà de l’espace concret, vu par le spectateur, et crée un jeu de correspondance entre ce qui est vu et ce qui est dissimulé, ce qui est de l’ordre public ou privé. Elle agit comme un oeil subjectif me permettant de focaliser l’attention, l’émotion, ou le regard du spectateur sur certains éléments, à travers différentes valeurs de plans.
Ensuite, elle accentue le mode de fonctionnement labyrinthique propre à mon écriture et à l’élaboration de la forme choisie : le thriller. Ainsi, je ne me contenterai pas de donner à voir l’espace physique du bateau, jusque dans ses espaces sombres et reculés, mais également d’offrir une porte d’accès sur l’espace mental des personnages. Je pense raconter l’histoire (le temps présent) depuis un point zéro qui correspond à l’instant juste avant le largage dans les mers. À partir de là, j’utiliserai le procédé du flash-back en le détournant, non pas pour raconter ce qui s’est déroulé factuellement avant cet événement mais pour dévoiler les ressorts psychiques de chaque personnage (leur implication dans l’intrigue principale et dans l’accident de l’Arctic Serenity, les degrés de culpabilité, les mécanismes de refoulement mis en place par leur inconscient, les tentatives de dévoilement ou de falsification de leur identité réelle). Ainsi, je traiterai les évènements passés, sous forme d’apparitions, comme des réminiscences. En jouant sur la porosité entre passé, présent et futur, en mettant en parallèle l’accident passé de l’Arctic Serenity et celui en train de se réaliser sous les yeux des spectateurs, je romps avec une temporalité linéaire et évite l’écueil du récit de voyage (un mouvement) extrêmement difficile à relater sur un plateau de théâtre (fixe). Mais surtout, je donne à voir la subjectivité à l’oeuvre dans tout désir de vengeance (celle de Sila). »

Anne-Cécile Vandalem

Arctique, un spectacle à voir du 23.01 > 03.02.2018  +INFOS

© Gloria Scorier