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Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Rendre l'interaction entre la musique et la scène la plus proche possible

La Mémoire des arbres / Fabrice Murgia, Dominique Pauwels / interview, partie II

Sur le plan formel, il s’agit aussi d’un spectacle musical, comme les deux précédents : est-ce qu’on peut dire que le texte et la musique ont vraiment été écrits ensemble ?

Fabrice Murgia : Oui, la musique et le spectacle forment un tout et sont conçus ensemble dès le départ. On explore les différents thèmes ensemble, chacun dans son langage. La complexité ce sont les temporalités différentes. Le théâtre musical ne s’élabore pas du tout comme un opéra par exemple. Avec l’opéra on a un livret et le temps est connu quand on a la musique.

Ici, il s’agit d’une écriture en symbiose, à partir d’une expérience commune, composée de voyages et de rencontres. Ensuite nous devons confronter nos deux écritures, celle du plateau et celle de la musique. Nous devons donc nous mettre d’accord sur une méthodologie de travail afin d’arriver à une temporalité commune, symbiotique, entre le témoignage vidéo, la musique et le jeu de l’acteur au plateau.

Dominique Pauwels : Et le temps réel du théâtre est complètement différent du temps relatif de la musique

 

Y aura-t-il aussi de la musique live ?

FM : Nous sommes encore très en amont du projet et tout cela peut encore changer, mais nous partons sur l’idée que Dominique sera lui-même sur scène, pour rendre l’interaction entre la musique et la scène la plus proche possible et ainsi d’éviter l’écueil du théâtre musical qui voit se succéder des parties de musique puis du théâtre, de la musique, du théâtre et ainsi de suite. L’idée est de créer des modules qui vont parvenir à s’incruster l’un dans l’autre.

Sur scène, nous avons un acteur, Josse De Pauw, qui est vraiment capable de prendre tout le plateau et qui va ramener les grandes questions éthiques liées au nucléaire à un niveau singulier et humain.

(Il montre l’image d’un intérieur filmé en Russie).

Nous avons eu la même émotion en entrant chez cet homme, qui vit au bord de la Techa, une rivière plusieurs fois contaminée par des déchets radioactifs. Il y a cet homme dans sa petite maison au bord de la rivière, avec son histoire singulière, qui est involontairement relié à la Grande Histoire, celle du nucléaire russe et de la guerre froide. C’est cette idée de tragédie à l’échelle humaine qui côtoie la grande tragédie mondiale, que nous aimerions faire passer. L’histoire de ce petit humain avec ses envies et ses désirs face aux grands désirs et à l’orgueil de l’Humanité.

 

Propos recueillis par Cécile Michel
Le 8 mai 2019

 

La Mémoire des arbres / Fabrice Murgia, Dominique Pauwels / interview

© Gloria Scorier